mardi 6 septembre 2011

Le procès des Déboulonneurs renvoyé

Le procès en appel de membres du collectif anti-pub a pris un tour politique avec la décision de renvoi demandée par l'avocate générale Laurence Vichnievsky.

Nicolas Hervé, membre du collectif Les Déboulonneurs.
Photo : Emilie Leroy

Rebondissement inattendu mardi 6 septembre au procès en appel de huit membres du collectif anti-pub Les Déboulonneurs pour le barbouillage de cinq panneaux publicitaires le 26 janvier 2008 sur les Champs-Élysée : l’audience a finalement été renvoyée au 3 avril 2012 après décision.

Relancer le débat politique
Relaxés par la 13ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance (TGI) de Paris le 2 avril 2010 -le tribunal ayant estimé que "les prévenus n’ont pas commis de dégradation ou de destruction mais n’ont fait qu’exercer leur liberté d’expression et de communication" lors de cette action- le parquet avait finalement fait appel de cette décision.


Une trentaine de sympathisants et membres du collectif étaient donc présents mardi pour soutenir les militants devant la 10ème chambre de la cour d’appel correctionnelle. Également présents, Charlotte Nenner, ancienne conseillère de Paris et présidente de Résistance à l’agression publicitaire,(cf. vidéo) Jacques Muller, ancien sénateur Vert du Haut-Rhin, et Guillaume Dumas, doctorant en neuroscience, qui devaient être cités à la barre comme témoin.

Pour certains membres du collectif, ce procès est l’occasion de relancer le débat, d’interpeller une nouvelle fois les politiques sur la question de la pollution visuelle publicitaire. C’est notamment l’avis d’un des prévenus, Nicolas Hervé. "La salle du tribunal va être un endroit où l'on va débattre de ce sujet. Une relaxe peut être un avis de la justice envoyé aux décideurs politiques", estime-t-il.


Garantir la séparation des pouvoirs
Et il s’agit bien d’une question éminemment politique, car coup de théâtre : l’avocate générale, représentant donc le ministère public portant l’appel, annonce dès le début de l’audience qu’elle demande le renvoi. Étonnement et déception dans la salle. Pourquoi une telle décision ? Tout simplement car
Laurence Vichnievsky, qui a remplacé au pied levé un de ses collègues dans ce procès, n’est pas une magistrate comme les autres. Laurence Vichnievsky est porte-parole d’Europe Écologie Les Verts (EELV) depuis juin dernier et ce jusqu’au 5 septembre. Cette proche d’Eva Joly est également élue conseillère régionale écologiste en Paca depuis 2010. L’avocate générale estime donc que le renvoi est nécessaire d’autant qu’EELV a soutenu à plusieurs reprises le collectif (Yves Cochet doit notamment se rendre mercredi à un autre procès des Déboulonneurs). Selon la magistrate, sa décision a pour vocation d’éviter toute "confusion des genres" et de "garantir la séparation des pouvoirs".

Ce n'est pas la première fois que Laurence Vichnievsky a recours à cette décision peu courante. Elle avait déjà dû renoncer à siéger lors du procès en appel de l'affaire de pollution maritime Erika en 2010. Elle ne représentera pas non plus le ministère public au procès en appel du député-maire UMP du 5e arrondissement de Paris Jean Tiberi et de son épouse dans l'affaire des faux électeurs, qui doit se tenir du 26 septembre au 11 octobre.

Malgré tout, si la décision semble avoir déçu certains membres du collectif, l’avocat des Déboulonneurs, William Bourdon, a salué une
décision courageuse. Et comme le souligne Charlotte Nenner, de fait les huit comparants sont donc pour l’instant "toujours relaxés". "Ils restent innocents", conclut-elle.


A la sortie du procès, la présidente de la Résistance à l'agression publicitaire (RAP), Charlotte Nenner, réagit à la décision de l'avocate et élue verte:





AC et Emilie Leroy

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