mercredi 7 septembre 2011

Le deuxième procès des Déboulonneurs prend un tour politique

Le débat politique s’est invité lors du deuxième procès du collectif antipub des Déboulonneurs qui se tenait mercredi 7 septembre au Palais de justice de Paris. Le député Vert Yves Cochet est venu apporter son soutien aux militants.

Semaine judiciaire chargée pour les Déboulonneurs. Alors que le procès en appel de huit membres du collectif antipub a finalement été renvoyé au 3 avril 2012, neuf militants se sont de nouveau présentés mercredi 7 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Accusés d’avoir dégradé un panneau publicitaire appartenant à la société Avenir (Jean-Claude Decaux) le 28 novembre 2009 sur les Champs-Elysées, huit d'entre eux ont été reconnus coupables et sommés de verser des dommages et intérêts au propriétaire du dit panneau. Pour ce deuxième procès, les neuf prévenus s’étaient entourés de trois témoins, parmi lesquels Yves Cochet (voir son entretien ci-dessous), député Vert de la 11e circonscription de Paris et ancien ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement sous le gouvernement Jospin.

La présence de M. Cochet a conféré à l’audience un tour particulièrement politique sur lequel Nicolas Hervé, porte-parole des Déboulonneurs, n’a pas manqué de s’appuyer en s’adressant au juge. "Les politiques de tous bords sont d’accord pour dire qu’il y a trop de publicités et que les afficheurs ne respectent pas la loi en implantant des panneaux un peu partout, s’est-il défendu. Le discours politique, y compris celui véhiculé par la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, s’inscrit dans notre action, mais les actes ne suivent pas les belles paroles. C’est cette hypocrisie démocratique que nous dénonçons en faisant des barbouillages."

S’exprimant aux noms des neufs prévenus, dont il faisait partie, Nicolas Hervé a ponctué son intervention d’exemples concrets, tirés directement du décret de la loi Grenelle II encadrant la publicité extérieure, les enseignes et les pré-enseignes, contre lequel les antipub se battent depuis plusieurs mois. Officiellement encore à l’étude, le texte n’en finit pas de diviser le ministère de l'Economie et celui de l'Ecologie, l'un argumentant en faveur de la compétitivité des annonceurs, l'autre souhaitant voir aboutir l'un des enjeux du Grenelle en réduisant au maximum la pollution visuelle. Pour Yves Cochet, le décret pose tellement de problèmes interministériels qu’il ne sera pas publié avant la présidentielle. Le ministère de l’Écologie assure pourtant que la question sera réglée avant la fin de l’année 2011.

"Nous sommes dans une enceinte juridique, non à l’Assemblée nationale"
Quoiqu’il en soit, les antipub redoutent fortement ce décret qui, si l’on en croit certaines sources proches du dossier, aurait été réécrit en sous-main par les annonceurs qui se seraient ainsi octroyés des privilèges tout sauf écologiques. Parmi eux, la possibilité d’apposer un affichage publicitaire sur 50% des bâches de chantier. "Vous rendez-vous compte Monsieur le Président, nous avons déjà une immense publicité Dior sur le Palais de Justice, arguait l’avocat des Déboulonneurs, William Bourdon. Quelle sera la prochaine étape ? Une grande banderole Coca-Cola placée au-dessus de votre tête ?" L’argument a fait mouche auprès du public de la 16e chambre correctionnelle qui n’a pas manqué d'esquisser un sourire.

Si la politique s’est clairement invitée au procès des Déboulonneurs, le juge a cependant pris le soin de recadrer la situation au terme de deux heures d’audience : "Je vous rappelle que nous sommes dans une enceinte juridique, non à l’Assemblée nationale", a-t-il souligné aux prévenus, à leur avocat et aux témoins, coupant court à tout débat d’ordre politique, esthétique ou idéologique. "Ce que vous appelez 'désobéissance civique' est appelé chez nous 'dégradation volontaire'." Une infraction que la Cour a finalement décidé de requalifier, adoucissant légèrement la condamnation des neufs militants.

Pour le député vert Yves Cochet, il y a encore un long combat à mener contre l'agression publicitaire de l'environnement.



Aller plus loin :
lire l'article "Le Procès en appel des Déboulonneurs renvoyé"

E.S.

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